La Direction Régionale de l'Agriculture de l'Alimentation et de la Forêt de Champagne Ardenne vient de publier
un bilan de la filière bois régionale pour les dix dernières années.Le constat est alarmant : alors que les potentialités forestières sont stables, que le bois est un matériau d'avenir qui se vend de mieux en mieux, la filière bois de Champagne Ardenne s'appauvrit. Elle a perdu 1 560 emplois en dix ans, dont 805 dans les secteurs de l'exploitation forestière et de la scierie où il n'en restait plus que 1 100 en 2008.
Cette régression est encore plus flagrante lorsqu'on examine les volumes de bois ronds produits : en 1999 les forêts régionales produisaient 2 millions de m3 par an alors qu'en 2008 ce volume a chuté à 1,3 millions de m3... Et cette tendance a été loin de s'inverser avec la crise.
Pour terminer ce sombre tableau, on note une progression importante des exportations de bois ronds, c'est à dire que la valeur ajoutée de la filière s'exporte également.
Le rapport de la DRAAF fait ce constat sévère sans pour autant analyser les causes de cette situation.
Pour notre part, nous remarquons la corrélation de cette spirale négative avec le mode de commercialisation des bois largement plébiscité dans la Région. La vente de bois en bloc et sur pied est sans aucun doute une des causes de ce mal. En obligeant les scieurs à stocker sur pied plusieurs mois, voire plusieurs années de fournitures, elle les handicape dans leur trésorerie et mobilise une grande partie de leur potentiel humain.
Le système de vente de bois contractuel qui devrait se développer dans l'avenir est le seul qui peut inverser la tendance. L'Office National des Forêts, par la voix de son nouveau Président, Hervé Gaymard, a confirmé sa stratégie de généraliser ce mode de vente dans les années futures. Certains gestionnaires forestiers comme les coopératives sont dans cette logique depuis de nombreuses années. Les autres gestionnaires forestiers ne s'y sont pas encore penchés et soutiennent le mode traditionnel. A l'évidence les évolutions sont irréversibles et tous les acteurs viendront un jour ou l'autre à cette solution d'avenir.
La question qui reste en suspend est : ne sera-t-il pas trop tard pour la filière bois Champardenaise ?
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