mardi 30 mars 2010

Du nouveau à Epernay chez Plysorol ?

Après la consternation qui a suivi l'annonce de la fermeture définitive de Plysorol Epernay par le chinois Honest Timber repreneur "providentiel", le tribunal de commerce de Lisieux va peut être redonner un peu d'espoir aux populiculteurs champenois.

Il y a quelques semaines, des industriels locaux ont fait savoir leur intérêt de reprendre le site avec un vrai projet industriel, à condition que des décisions très rapides soient prises par les autorités judiciaires françaises et notamment le tribunal de commerce qui avait autorisé la reprise par M Guohua Zhang le patron d'Honest Timber.

Ils ont visiblement été entendus car ce vendredi 27 mars le tribunal de commerce de Lisieux a dilligenté une enquête qui devrait aboutir le 30 avril à une probable liquidation judiciaire de la société avec une nouvelle possibilité de reprise. Espérons cette fois que le tribunal de commerce fera preuve d'un peu plus de discernement et, plutôt que de céder aux sirènes de gens peu recommandables, choisira de faire confiance à des industriels français dont le sérieux est vérifiable et la réputation excellente. Mais la partie n'est pas gagnée car un autre repreneur basé au Ghana, dont l'offre n'avait pas été acceptée en 2009, est toujours sur les rangs, comme l'explique l'article paru le 29 mars sur le site Internet des chambres de commerce de Normandie reproduit ci-dessous. Sans remettre en cause le sérieux de cet industriel, il y a tout lieu de penser qu'il n'a d'yeux que pour la fameuse concession forestière gabonaise, représentant un enjeu considérable. La préoccupation des acteurs des filières bois champardenaises et picardes est de voir le site d'Epernay repris par des gens sérieux et motivés par un développement industriel pragmatiquement régional, à des années lumières des enjeux financiers internationaux que représente le bois exotique.


Article paru le 29 mars 2010 dans le portail normand de l'information économique :

Plysorol : le "sauveur" chinois désormais invité à revendre l’entreprise

Sommé par la justice de communiquer ses comptes, poursuivi par l’Urssaf, accusé d’exploiter de façon opaque ses forêts gabonaises, l’ex-leader européen du contreplaqué Plysorol se retrouve à nouveau dans la tourmente un an après sa reprise par un groupe chinois.

"Espoir, déception, trahison", pouvait-on lire vendredi sur une banderole devant le tribunal de commerce de Lisieux (Ouest) où quelque 200 des 450 salariés de l’entreprise, venus des trois sites français, Lisieux (Ouest), Epernay (Est) et Fontenay Le Comte (Centre), manifestaient pour un redressement judiciaire de leur entreprise.

Un an presque jour pour jour après avoir approuvé la reprise du groupe par le chinois Guohua Zhang, patron d’Honest Timber, qui promettait de garder tous les emplois, le tribunal examinait à nouveau la situation de l’entreprise qui cumule 10 millions d’euros d’impayés, selon l’avocat des salariés Me Philippe Brun.

"Plus le temps passe, plus les clients partent, plus on risque la liquidation. Il y a urgence, d’autant qu’il semble qu’il y a des repreneurs potentiels", a estimé Me Brun à la sortie de l’audience.

Les avocats du Libanais Ghassan Bitar, PDG de la société John Bitar & Co basée au Ghana et candidat malheureux à la reprise l’an dernier, parce que son plan prévoyait la suppression de plusieurs dizaines d’emplois, étaient présents devant le tribunal vendredi.

Dans l’attente d’une décision, la tension est chaque jour croissante entre le repreneur chinois et les salariés qui, à chaque manifestation, arborent une pancarte "M. Zhang, menteur".

"M. Wu (directeur général de Plysorol, NDLR) rend nous nos sous", clament les manifestants qui affirment que l’entreprise prélèvent sur leurs salaires les cotisations patronales à leur mutuelle.

Le drapeau de la République populaire de Chine érigé aux côtés du drapeau français à l’entrée de l’usine de Lisieux a disparu. La direction a demandé dans une note au personnel "de bien vouloir le réinstaller" dans un délai de 24 heures, sans quoi elle portera plainte.

Les syndicats affirment que M. Zhang, seul selon eux à pouvoir signer les chèques aux fournisseurs, est en prison depuis mardi pour trafic de passeport notamment, au Gabon, où Plysorol possède plusieurs centaines de milliers d’hectares de forêt, et dont le bois était au départ transformé en France.

"A Lisieux nous étions le seul des trois sites à travailler. Mais ce matin l’entreprise qui nous loue des chariots élévateurs en a repris plusieurs car la direction ne l’avait pas payée. On avait du bois jusqu’à mercredi mais dans ces conditions on ne va plus pouvoir travailler", a affirmé Edith Monory, de la CFDT.

Le repreneur avait renouvelé ses promesses d’investissement en France devant le ministre de l’Industrie Christian Estrosi fin octobre, mais les périodes de chômage partiel se sont multipliées et les accusations formulées par des associations écologistes spécialisées dans le transport maritime comme Robin des bois, trouvent de plus de plus en plus de crédit.

"Ce qui intéressait M. Zhang, ce sont les 500.000 hectares de forêt de Plysorol au Gabon qu’il gère depuis dans la plus grande opacité, au détriment de la biodiversité" et des salariés de l’entreprise, car il envoie directement le bois en Chine, affirme son responsable Jacky Bonnemains.

Source AFP